IS THIS A BAD JOKE ?  // ft.   @Nicholas Hunter  
Delilah dépose doucement l’assiette vide qu’elle avait dans les mains sur le comptoir. Elle devrait faire la vaisselle, elle le sait bien, mais complètement épuisée de sa journée à la morgue, elle n’a pas trop envie de s’y lancer tout de suite. Non, la rouquine à bien l’intention de terminer l’épisode de Grey’s Anatomy qu’elle avait lancé le temps de manger (et d’en profiter pour rire un peu du manque de crédibilité de l’approche médicale de cette série) et qu’elle n’avait pas eu le temps de terminer. Un petit péché mignon. Ironique sachant qu’elle passait ses journées dans un hôpital, ou alors en cours à étudier ce qu’elle devait faire dans un hôpital, et qu’en revenant à l’appartement, son moyen de détente était de visionner des séries médicales. Personne ne pouvait nier qu’elle était bel et bien dans son domaine de vie. Une véritable passion. Une vocation. Prenant la télécommande pour lancer de nouveau l’épisode qu’elle avait mis sur pause, Lily se demanda où était Austin. Il n’était pas à l’appartement, mais généralement, il prenait le temps de l’avertir quand il quittait pour un contrat de photographie. Elle haussa les épaules avec désinvolture. Tant mieux s’il était de sortie, ça lui ferait du bien de ne pas complètement s’isoler dans leur appartement. Et puis, il avait complété son dernier contrat de développement web, donc il pouvait bien se permettre une petite pause (et même s’il avait encore des dates butoirs à remplir pour des contrats, les activités d’Austin ne la concernait pas). Avec un léger rire, elle se replongea dans sa série, avec l'intention de ne pas aller dormir trop tard, elle avait encore une grosse journée qui l’attendait le lendemain.

***

L’appel du devoir. J'ouvre les yeux. Voilà maintenant longtemps que je n’avais pas pris le contrôle de cet être. Il me semblait préférable de la laisser prendre ses propres décisions, même si l’idée d’emménager à Beacon Hills n’était peut-être pas complètement la sienne. Elle est utile, cette jeune femme. Mais l’appel du devoir. Son corps fatigué ne me pose aucun problème. Ce n’est pas ce qui m’empêchera de faire mon travail. Car cette ville est infestée de créatures qui, visiblement, ne savent pas faire attention. Les pauvres. Ils n’ont rien compris. Quittant l’espace confiné qu’elle appelle « chez elle », il ne me vient même pas à l’idée de refermer la porte. Dehors, les pieds nus de la jeune femme sur le sol froid me rappelle ce que c’est de vivre. Un pas devant l’autre. Lentement, les flammes commencent à crépiter tout autour de ce corps. Sa chevelure rousse s’agence parfaitement au feu qui alimente désormais son être. Oui, elle était un excellent choix. C’est l’instinct qui me guide jusqu’à la scène. Un corps. Un Wendigo qui n’a pas été assez prudent. Tué par un chasseur qui n’a même pas pris le temps de nettoyer la scène. Quel idiot. Au loin, les sirènes de la police et de l’ambulance retentissent déjà. Je les entends. Mais aucune âme qui vive ne semble être aux alentours. Quelqu’un a appelé la police pourtant. Sans doute avant de fuir la scène. C’est la seule explication possible. Un cœur qui bat plus loin. Je sens la présence d’une autre créature. Peut-être devrais-je attendre alors ? Mais les sirènes se rapprochent. L’odeur d’une créature qui connaîtra maintenant mon identité. Contre la possibilité que le département du shériff ne tombe sur ce corps. Les dents acérées encore visibles, de même que ses yeux blancs reflétant la faim. Une âme. Contre un département. Il faut nettoyer l’espace. Tant pis pour le voyeur.

Alors le corps de la jeune femme s’enflamme. Cerberus m’avait mentionné une fois que son hôte (un certain Jordan Parrish) avait un caleçon indestructible. Celui-ci ne brûlait jamais. Si j’avais rit à cette idée, voilà maintenant que la jeune Lily semblait avoir des vêtements semblables. Une brassière de sport et un cuissard qui, bien que n’étant pas indestructible, semblait savoir résister un minimum au feu de l’enfer. Tant mieux alors.

La scène est rapidement nettoyée. C’est bien l’avantage du feu. Alors je ramasse le corps. Scène disproportionné de voir cet adolescent qui devait bien faire une tête de plus que la rouquine qui transporte son corps à présent. Et je me mets en route. Les flammes se sont atténuées. Elles ne se contentent que de crépiter un peu à chaque pas sur le sol frais. Et la destination est claire : le Nemeton.



 

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